Décès de Milan Kundera : Un hommage à l’écrivain franco-tchèque et sa relation particulière avec la France
L’écrivain franco-tchèque Milan Kundera est décédé mardi après-midi à l’âge de 94 ans à Paris, où il résidait depuis de nombreuses années. Tout au long de sa vie, il a entretenu une relation particulière avec la France, qui a été pour lui à la fois une terre d’exil et d’accueil. Retour sur le parcours de cet écrivain de renom et sur son lien étroit avec l’Hexagone.
Né tchécoslovaque le 1er avril 1929, Milan Kundera a vu sa vie basculer lorsqu’il a quitté son pays natal en 1975. Accompagné de son épouse Vera, il a pris la décision de quitter la Tchécoslovaquie communiste pour s’installer en France. À bord de leur voiture, ils ont traversé les frontières avec l’autorisation de séjourner en France pendant « 730 jours », comme rapporté par Le Monde. Cependant, ces deux années se sont transformées en une résidence permanente.
Leur périple les a conduits d’abord à Rennes, où Milan Kundera a commencé sa carrière d’enseignant en cinéma à l’université. Puis, ils ont établi leur domicile à Paris, qu’il considérait comme sa « deuxième ville natale ». Grâce aux recommandations de Louis Aragon et Claude Roy, il a été introduit dans les cercles intellectuels parisiens. Ses romans ont été traduits et publiés par les éditions Gallimard.
En 1981, Milan Kundera est naturalisé français avec l’aide de François Mitterrand, après avoir été déchu de sa nationalité tchèque en 1979. Lors d’une apparition à l’émission La Rage de lire en 1980, l’écrivain a exprimé à quel point il s’était facilement intégré en France. Ayant découvert les classiques de la littérature française pendant son enfance à Prague, il se sentait déjà familié avec la culture française. « Pour moi, la culture française c’était quelque chose que je connais très bien. […] En France je ne me sens pas du tout dépaysé. » Il a toutefois attendu 2019 pour retrouver sa nationalité tchèque.
À partir de 1993, un tournant majeur s’est produit dans la carrière de Milan Kundera. Son roman « L’Insoutenable légèreté de l’être », paru en 1984, l’a propulsé sur le devant de la scène littéraire française. Le livre a connu un immense succès, notamment grâce à son adaptation cinématographique réalisée par Philippe Kaufman et Jean-Claude Carrière en 1988. À partir de cette période, Milan Kundera a décidé d’écrire exclusivement en français, faisant de cette langue sa langue de référence pour les traductions de ses œuvres. En 2023, son œuvre compte seize ouvrages, traduits en plus de 80 langues, qui témoignent de sa renommée internationale.
En 2011, Milan Kundera a rejoint le cercle très prestigieux des écrivains publiés de leur vivant dans la collection de la Pléiade. Ses œuvres ont été regroupées en deux tomes, une reconnaissance de son talent littéraire exceptionnel.
L’écrivain a vécu une vie discrète à Paris, évitant les médias et souhaitant que l’on parle de son œuvre plutôt que de sa personne. Il résidait avec sa femme Vera dans le centre de la capitale. Malheureusement, il a été victime de canulars macabres sur les réseaux sociaux où sa mort avait été annoncée prématurément.
Milan Kundera laisse derrière lui une œuvre littéraire majeure qui a marqué des générations de lecteurs. Sa relation unique avec la France, à la fois terre d’accueil et d’exil, témoigne de l’importance des échanges culturels et de la richesse des influences entre les pays. La disparition de Milan Kundera est une perte immense pour le monde de la littérature, mais son héritage continuera d’inspirer et d’enchanter les lecteurs du monde entier.
