Comment Blanchir de l’Argent ? Les Techniques des Criminels Dévoilées
Quand l’argent sale se fond dans l’économie légitime : le rôle des banques et des systèmes financiers.
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ToggleUne Vue d’Ensemble du Blanchiment d’Argent
En 2023, la police espagnole a réalisé l’une des plus importantes saisies en Europe, interceptant 25 millions d’euros en liquide d’un réseau de blanchiment d’argent. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres qui démontre l’ampleur de ce phénomène. Les criminels, qu’ils soient trafiquants de drogue ou hackers, partagent un même besoin : celui de dissimuler l’origine de leurs fonds.
Le blanchiment d’argent consiste à intégrer des fonds illicites dans le système financier afin qu’ils paraissent légitimes. Généralement, on a une vague idée de ce processus, mais les méthodes réelles sont souvent bien plus complexes.
Des Techniques Artisanales aux Réseaux Complexes
Le blanchiment d’argent commence souvent par des méthodes artisanales comme les faux gains au PMU ou les chaînes de restaurants fictifs. Par exemple, des criminels utilisent des commerces locaux, comme des épiceries ou des kebabs, pour justifier leurs revenus frauduleux. Ces établissements servent souvent de façade à une double comptabilité, une technique où les recettes déclarées aux autorités sont largement sous-estimées par rapport aux revenus réels.
Au niveau plus avancé, les criminels exploitent des marchés parallèles, tels que les casinos ou les cryptomonnaies, pour anonymiser et détourner les flux financiers. Ces méthodes évoluent vers des réseaux de sociétés fictives, souvent créés dans des pays où la législation permet l’anonymat des propriétaires d’entreprises, comme dans l’État du Delaware aux États-Unis.
Le « Strouphage » : Fractionner pour Mieux Dissimuler
Une des techniques favorites des criminels est appelée « strouphage », en référence aux Schtroumpfs. Elle consiste à fractionner d’importantes sommes d’argent en de nombreux petits versements sur plusieurs comptes bancaires. L’objectif est de passer sous les radars des autorités qui surveillent les transactions suspectes. Cette méthode est particulièrement utilisée par les trafiquants de drogue et les cybercriminels, car elle permet d’éviter des soupçons immédiats.
Cependant, avec l’évolution des technologies de surveillance financière, de plus en plus de banques utilisent des algorithmes sophistiqués capables de détecter ce genre de transactions fragmentées. Le but de ces systèmes est de repérer des modèles inhabituels de flux financiers, comme un grand nombre de petits dépôts provenant de différents comptes bancaires.
L’Usurpation d’Identité : Une Étape Inévitable
Avant même d’initier les transactions, la première étape pour blanchir de l’argent consiste à ouvrir des comptes bancaires sans que l’identité réelle du criminel soit révélée. C’est là que l’usurpation d’identité entre en jeu. Pour y parvenir, les criminels récupèrent facilement des documents comme des cartes d’identité ou passeports volés. Ils utilisent souvent des appâts sur des plateformes de petites annonces comme Le Bon Coin en proposant, par exemple, des locations fictives et demandant aux intéressés d’envoyer des copies de leurs documents.
Même si les banques renforcent leurs procédures de vérification avec des systèmes comme le Know Your Customer (KYC), il existe des failles que les criminels exploitent. Par exemple, certaines néobanques ont des protocoles plus laxistes, permettant à des individus malintentionnés d’ouvrir des comptes en ligne avec des documents falsifiés et des justificatifs de domicile truqués.
Les Fausses Ventes aux Enchères : Blanchir en Masse
Une autre méthode ingénieuse et efficace pour blanchir d’importantes sommes est l’utilisation de ventes aux enchères fictives. Les criminels mettent en vente des objets d’art ou des antiquités, puis un complice surenchérit jusqu’à proposer un prix exorbitant. Cela leur permet de justifier de manière légale des dépôts de grandes sommes d’argent dans des banques. Ce genre de manœuvre est courant dans les milieux de l’art contemporain, un secteur souvent soupçonné d’être surévalué en raison de l’ampleur du blanchiment d’argent.
Cette première partie offre un aperçu des principales stratégies de blanchiment d’argent employées par les criminels. Dans la deuxième partie, nous approfondirons d’autres techniques, notamment l’utilisation de mules financières, les sociétés écrans, ainsi que les montages financiers complexes qui permettent à ces réseaux de prospérer malgré les tentatives de contrôle par les autorités.
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Le passage que tu partages relate diverses techniques de blanchiment d’argent sophistiquées et complexes utilisées par des réseaux criminels internationaux. Il explore des exemples historiques et contemporains, illustrant comment des criminels comme Jurado, Hushpuppi, ou encore des mafias russes et nord-coréennes utilisent des systèmes financiers, des entreprises fictives, et même des secteurs comme l’immobilier, les casinos, ou les jeux vidéo pour dissimuler l’origine de leurs fonds illégaux.
Résumé des points clés et techniques à utiliser
- La cavalerie bancaire et le transfert via des sociétés-écrans : Jurado, par exemple, fait transiter des fonds par des entreprises fictives en Europe avant d’investir dans des activités en Colombie pour blanchir de l’argent. Cependant, il est pris quand sa banque fait faillite.
- Sociétés fictives et paradis fiscaux : Utilisation de sociétés-écrans dans des paradis fiscaux pour cacher des fonds et bénéficier de divers avantages, comme la rémunération via des missions fictives, ou des comptes anonymes en Suisse.
- Investissements dans des entreprises en faillite : Les mafias ciblent des entreprises comme des clubs de football en difficulté pour injecter de l’argent d’origine douteuse. L’exemple du club portugais UD Leiria est particulièrement illustratif.
- La technique du prêt adossé : Popularisée par Meyer Lansky, cette technique consiste à déposer une somme d’argent en garantie pour obtenir un prêt équivalent, permettant ainsi d’utiliser l’argent légalement sans éveiller les soupçons.
- Fausse spéculation immobilière : Acheter des immeubles sous-évalués, compléter avec du cash non déclaré, puis revendre après des travaux pour justifier une plus-value légale.
- Utilisation des cryptomonnaies et techniques d’obfuscation : Le groupe nord-coréen Lazarus a développé des techniques comme la « chaîne de pelage » pour blanchir des fonds volés en cryptomonnaies.
- Les mélangeurs de cryptos : Ces services mélangent des cryptos provenant de différentes sources pour casser la traçabilité, bien que leur efficacité soit limitée à de petits volumes.
- Blanchiment via les casinos : Les mafieux utilisent des jetons de casino pour blanchir d’énormes sommes d’argent, comme les Nord-Coréens l’ont fait aux Philippines après un braquage de 81 millions de dollars.
- Blanchiment d’argent à HSBC : En 2016, des membres de cartels au Mexique déposaient de l’argent dans des banques comme HSBC, qui ont été prises sur le fait grâce à des caméras cachées par les autorités américaines. Cependant, après un long procès, HSBC n’a écopé que d’une amende de 2 milliards de dollars, sans que personne ne soit emprisonné.
- Insiders dans les banques : En 2017, au Royaume-Uni, un employé de Barclays a aidé un gang moldave à blanchir 17 millions d’euros en gérant 400 comptes bancaires dans toute l’Europe.
- Laverie automatique en Europe de l’Est : Des financiers en Europe de l’Est ont créé un système de blanchiment à grande échelle impliquant une banque en Lituanie, des sociétés fictives, et un volume énorme de transactions. Une fuite de données en 2020 a révélé que ce système avait permis de blanchir 26 milliards d’euros via 2 900 entreprises et 47 000 transactions.
- Distorsion de concurrence par les mafias : Les mafias, notamment en Italie, prennent le contrôle de secteurs entiers de l’économie, comme la restauration ou le BTP, en utilisant des entreprises pour casser les prix, évincer la concurrence, et ensuite remonter les prix pour prendre le contrôle du marché. En Italie, elles contrôlent 10 % du PIB du pays.
- Influence politique : L’exemple de Pablo Escobar montre comment les criminels peuvent tenter d’entrer en politique, en utilisant des fonds illégaux pour financer des campagnes électorales. De même, Joe Kennedy, qui s’est enrichi durant la Prohibition, a tenté d’accéder à la Maison Blanche à travers son fils John F. Kennedy, en jouant un rôle important dans son élection.
En conclusion, le texte souligne comment même des institutions financières de renom, comme HSBC, peuvent se retrouver impliquées dans des montages criminels sophistiqués, tels que le blanchiment d’argent des cartels mexicains. Ce phénomène illustre l’évolution des méthodes criminelles qui, en s’appuyant sur la technologie moderne et les failles des systèmes financiers, parviennent à dissimuler l’origine des fonds illicites.
L’ensemble du texte met en exergue la manière dont l’argent illégal, l’économie légitime et la politique s’entrelacent, créant des opportunités pour les criminels d’infiltrer et d’influencer ces sphères pour accroître leur pouvoir et leur influence.