Hausse des prix des motos au Burkina Faso : la BMCRF intensifie les contrôles pour protéger les consommateurs
Une opération spéciale pour assainir le marché des deux-roues

Face à une flambée préoccupante des prix des motos au Burkina Faso, la Brigade Mobile de Contrôle Économique et de Répression des Fraudes (BMCRF) a lancé une vaste opération de contrôle. Objectif : lutter contre les pratiques abusives, protéger le consommateur et restaurer une concurrence loyale sur le marché.
Un marché sous tension : l’origine de l’opération
Depuis plusieurs mois, les consommateurs burkinabè assistent impuissants à une hausse significative des prix des cyclomoteurs et motocyclettes. Cette situation, qui affecte lourdement le pouvoir d’achat, n’a pas échappé au ministère en charge du commerce. C’est dans ce contexte qu’une opération spéciale de contrôle a été lancée à partir du 16 juillet 2025.
Menée par la BMCRF, cette initiative vise à identifier les dysfonctionnements et à faire respecter la loi sur la concurrence. Les commerçants en situation irrégulière ont un délai d’un mois pour se conformer aux textes en vigueur, sous peine de sanctions.
Des manquements constatés sur toute la chaîne de distribution
Les investigations ont révélé de nombreuses irrégularités parmi les acteurs du marché des motos, allant des importateurs aux vendeurs en passant par les unités d’assemblage.
Parmi les infractions relevées :
- Absence de facture d’achat délivrée par les fournisseurs
- Manque de transparence sur l’origine des motos
- Non-affichage des prix de vente dans les points de vente
- Factures non conformes ou non remises aux clients
- Écarts importants de prix pour des modèles similaires
Ces pratiques contribuent à déséquilibrer le marché et à créer une situation de concurrence déloyale, au détriment du consommateur.
Les raisons de la hausse des prix : entre rareté, spéculation et désorganisation
Les contrôles menés les 8 et 17 avril 2025 à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso ont permis d’identifier plusieurs facteurs expliquant la hausse des prix :
Une demande supérieure à l’offre
La demande en motocyclettes est particulièrement élevée, alors que l’offre reste limitée. Cette situation crée une tension sur les prix, surtout pour les modèles originaux, c’est-à-dire importés entièrement montés ou semi-assemblés.
Une dépendance aux intermédiaires
Les importateurs burkinabè n’ont pas toujours un accès direct aux usines de fabrication. Ils doivent donc passer par des revendeurs, ce qui augmente les coûts.
La spéculation sur les prix
Certaines pratiques spéculatives de la part des grossistes et détaillants contribuent également à la flambée des prix.
À noter cependant : les motos dites « génériques », souvent montées localement à partir de pièces détachées, ont vu leurs prix rester relativement stables.
Un cadre légal encadré mais souple
La loi burkinabè prévoit que, par principe, les prix sont libres et déterminés par le jeu de la concurrence. Toutefois, des dérogations existent pour certains produits stratégiques.
Un régime de liberté surveillée
Les motos ne figurent pas actuellement parmi les 27 produits soumis à un contrôle direct des prix par arrêté ministériel. Elles relèvent donc du régime de liberté surveillée, ce qui signifie que les prix sont libres mais sous surveillance.
Les autorités peuvent toutefois intervenir dans des situations conjoncturelles particulières, comme celle observée actuellement.
Quelles solutions pour contenir la hausse ?
Plusieurs mesures concrètes sont envisagées pour stabiliser le marché :
- Soumettre les importations de motos à une autorisation spéciale, afin de mieux contrôler les volumes et l’origine.
- Encourager le montage local des motos originales pour baisser les coûts.
- Renforcer les contrôles sur les prix, les stocks et les pratiques commerciales.
- Recourir à la coopération diplomatique via les ambassades pour obtenir des données fiables sur les prix internationaux.
- Saisir les motos vendues à des prix jugés abusifs, avec reversement des recettes au fonds de soutien patriotique.
Une vigilance renforcée et une responsabilité partagée
Le gouvernement appelle les opérateurs économiques à intégrer l’éthique dans leurs activités, à respecter strictement la réglementation et à collaborer avec les structures de contrôle.
Les consommateurs, eux aussi, sont invités à faire preuve de vigilance et à signaler tout comportement abusif en appelant les numéros verts mis à disposition : 800 00 11 84, 800 00 11 85, 800 00 11 86.
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Conclusion : un marché à réguler pour préserver le pouvoir d’achat
La hausse des prix des motos au Burkina Faso est une réalité complexe, à la croisée de la demande croissante, de la spéculation commerciale et d’un cadre réglementaire souple. En réponse, la BMCRF a engagé une série d’actions fermes pour assainir le secteur, garantir la transparence, et surtout, protéger le consommateur.
La réussite de cette opération repose désormais sur la volonté collective des commerçants, des autorités et des citoyens à construire un marché plus équitable, accessible et durable pour tous.
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