La France et la Russie discutent de coopération militaire au Burkina Faso
Le Burkina Faso suscite actuellement l’attention internationale en raison de discussions en cours entre le président intérimaire du pays, Ibrahim Traoré, et une délégation russe dirigée par le ministre adjoint de la Défense, Younous-Bek Yevkourov. L’une des principales questions à l’ordre du jour était une éventuelle coopération militaire entre les deux nations. Cette visite fait suite à des pourparlers entre Traoré et le président russe Vladimir Poutine lors du sommet Russie-Afrique en juillet. Depuis le départ des forces spéciales françaises en février, le Burkina Faso cherche à renforcer ses liens sécuritaires, à l’instar de son voisin le Mali, où opère le groupe paramilitaire russe Wagner. La coopération discutée pourrait inclure la formation de soldats et d’officiers burkinabés en Russie, mais les détails n’ont pas été précisés.
L’analyse de la situation au Sahel par Le Monde
Le journal Le Monde s’interroge sur la manière dont la France a perdu de son influence au Sahel, en référence au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Depuis 2020, la région a connu plusieurs coups d’État, entraînant une rupture profonde. L’article met en évidence deux aspects de cette perte d’influence : le volet militaire avec l’opération Barkhane, qualifiée de « grande erreur stratégique de l’Élysée », et le volet politico-diplomatique, où la France se retrouve critiquée pour son « positionnement à géométrie variable vis-à-vis des putschs ». Ces événements mettent en lumière les défis auxquels la France est confrontée dans la région, avec des critiques croissantes concernant son rôle en Afrique.
Les nouvelles cartes et prise de terrains de la Russie
La Russie renforce ses liens avec les pays du Sahel, notamment avec le Burkina Faso, suite au départ des forces spéciales françaises de la région. Les discussions sur une coopération militaire entre la Russie et le Burkina Faso ont pris de l’ampleur depuis le sommet Russie-Afrique en juillet à Saint-Pétersbourg, où le président russe Vladimir Poutine a rencontré le président intérimaire du Burkina Faso, Ibrahim Traoré. Cette coopération inclut la formation de soldats et d’officiers burkinabés en Russie, avec un accent particulier sur la formation de pilotes. Cela s’inscrit dans la stratégie plus large de la Russie visant à accroître son influence en Afrique, notamment à travers des groupes paramilitaires comme le Wagner Group, qui opère dans plusieurs pays du continent. La mort récente du chef du Wagner Group, Evgueni Prigojine, n’a pas ralenti les ambitions de la Russie en Afrique, marquant ainsi un changement significatif dans les dynamiques de pouvoir régionales.
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La Russie voit dans cette coopération une opportunité d’étendre sa présence en Afrique et de renforcer ses intérêts économiques et militaires. Cette stratégie s’accompagne d’une concurrence croissante avec d’autres puissances mondiales, notamment la Chine et les États-Unis, pour gagner de l’influence dans la région. Alors que la France perd progressivement de son emprise au Sahel, la Russie cherche à combler le vide laissé par les forces françaises en renforçant ses relations avec les États de la région. Cette évolution suscite des inquiétudes quant à l’avenir de la sécurité et de la stabilité au Sahel, car elle pourrait potentiellement alimenter des rivalités géopolitiques et des conflits d’intérêts entre les grandes puissances, avec des conséquences imprévisibles pour la région.
Tensions entre la France et certains États africains
La perte d’influence de la France au Sahel est également associée à des manifestations anti-françaises et à des tensions grandissantes dans la région. Les coups d’État récents au Niger, au Mali, au Burkina Faso, et en Guinée ont été suivis de discours dénonçant le « néo-colonialisme » français. En outre, la France est critiquée pour sa politique à géométrie variable envers les putschistes. Ces événements mettent en lumière l’évolution des relations entre la France et certaines nations africaines, marquant ainsi la fin de l’ère de la Françafrique.