Le Burkina Faso dissout la CENI : le ministère de l’Administration reprend le contrôle des élections
Une réforme électorale majeure pour rationaliser les coûts et renforcer la souveraineté

Le gouvernement burkinabè vient de franchir un cap décisif dans sa politique de refondation de l’État : la dissolution de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Désormais, l’organisation des élections sera confiée au ministère de l’Administration territoriale. Un bouleversement justifié par des impératifs budgétaires, institutionnels et souverainistes.
Une décision prise en Conseil des ministres
Ce mercredi, un projet de loi clé a été adopté en Conseil des ministres, marquant la fin officielle de la CENI dans sa forme actuelle. Cette structure, créée par la loi n°14/2001/AN du 3 juillet 2001, gérait depuis plus de deux décennies les processus électoraux au Burkina Faso.
Mais dans un contexte de refondation de l’État et de réformes institutionnelles profondes, sa pertinence est remise en question. Le gouvernement a donc autorisé la transmission de ce projet de loi à l’Assemblée législative de transition, pour validation finale.
Un objectif clair : optimiser les dépenses publiques
L’un des arguments centraux de cette dissolution est d’ordre économique. Selon les données fournies, la CENI coûtait à l’État près d’un demi-milliard de francs CFA par an, une charge jugée excessive dans le contexte actuel.
Le ministre en charge de l’Administration territoriale a souligné que cette structure, bien que conçue pour assurer l’indépendance du processus électoral, est désormais en contradiction avec les orientations de la charte de la transition. Sa suppression permettrait de rationaliser les coûts de fonctionnement de l’État, en utilisant les structures administratives existantes.
Retour des compétences électorales au ministère de l’Administration territoriale
Dans le projet de loi adopté, les attributions électorales sont officiellement transférées au ministère en charge de l’administration du territoire. Cette décision marque un retour en arrière assumé, puisque ce ministère organisait déjà les scrutins avant la création de la CENI.
Ce transfert est présenté comme une mesure visant à renforcer l’efficacité administrative, en s’appuyant sur des structures déjà en place, plutôt que sur une institution parallèle coûteuse.
Un processus électoral recentré sur la souveraineté nationale
Au-delà des considérations budgétaires, le gouvernement met également en avant la volonté de réduire les influences politiques et étrangères dans le processus électoral. En confiant à nouveau la gestion des élections aux autorités nationales, l’État burkinabè affirme vouloir reprendre le contrôle souverain de son calendrier démocratique.
Ce choix s’inscrit dans une démarche globale de refondation institutionnelle, où l’État central cherche à renforcer sa légitimité et son autorité, tout en maîtrisant davantage les enjeux liés à la gouvernance électorale.
Une réforme qui suscite débats et attentes
Si les arguments avancés par le gouvernement sont clairs — réduction des dépenses, cohérence institutionnelle, souveraineté renforcée — cette réforme soulève également des questions sur l’indépendance future des élections. Le défi sera de garantir un processus transparent, équitable et crédible, malgré le retrait d’un organe autonome historiquement dédié à cette mission.
L’Assemblée législative de transition, désormais saisie, devra examiner cette loi et décider de son adoption définitive. Le regard de la population, comme celui des observateurs nationaux et internationaux, restera tourné vers les modalités concrètes d’application de cette réforme d’envergure.
Conclusion : vers une nouvelle ère électorale au Burkina Faso
La dissolution de la CENI marque une étape symbolique et stratégique dans la transformation des institutions burkinabè. En transférant la responsabilité des élections au ministère de l’Administration territoriale, le gouvernement affiche sa volonté de maîtriser ses dépenses, de renforcer la souveraineté nationale et de recentrer l’organisation électorale dans le giron étatique.
Cette réforme ambitieuse ouvre une nouvelle ère politique, mais pose aussi des enjeux cruciaux de transparence et de crédibilité démocratique. Le Burkina Faso entre ainsi dans une phase de transition institutionnelle dont les conséquences seront scrutées de près, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.



