Drame à Yaoundé : le père de la slameuse Lydol accusé du meurtre d’un enfant de 6 ans
Une tragédie familiale bouleverse la scène artistique camerounaise et soulève des questions sur la responsabilité individuelle et la santé mentale.

Le 10 mai 2025, à Yaoundé, un enfant de six ans, Mathis, a été poignardé à mort. L’accusé n’est autre que le père de la célèbre slameuse camerounaise Lydol. Ce drame suscite une vive émotion au Cameroun, mêlant douleur personnelle, réactions publiques et débats sur la violence et la santé mentale.
Une querelle de voisinage qui vire à l’horreur
Le samedi 10 mai, dans le quartier Ngoa Ekélé à Yaoundé, une simple altercation entre voisins tourne au cauchemar. D’un côté, Paulin, le père de l’enfant Mathis. De l’autre, Nwafo — plus connu sous le surnom de « Tonton Blek » — le père de Lydol. Après une dispute entamée dans un bar et un coup de verre reçu à la nuque, Nwafo rentre chez lui, saisit un couteau et retourne chez Paulin. Ne trouvant que les enfants à la maison, il s’en prend à Mathis, le poignardant au bras, puis à la gorge. Malgré une évacuation rapide vers l’hôpital militaire, le jeune garçon ne survivra pas à ses blessures.
Lydol : entre choc, compassion et prise de position
Connue et aimée du public camerounais pour ses slams puissants et engagés, Lydol, de son vrai nom Nwafo Dolly Sorel, se retrouve plongée dans une situation d’une violence inouïe. Dans une vidéo poignante, elle exprime sa « douleur indescriptible », se dissociant clairement des actes de son père. Elle affirme ne pas cautionner un acte aussi odieux, tout en présentant ses sincères condoléances à la famille de Mathis. Lydol réaffirme son attachement aux valeurs de paix et de justice qui ont toujours guidé son art.
Une onde de choc médiatique et sociale
Le drame a provoqué un tollé dans l’opinion publique. De nombreuses figures médiatiques et culturelles, dont le rappeur engagé Valsero et le journaliste Pierre Blériot Nyemeck, ont réagi à l’affaire. Certains y voient le signe d’un profond mal-être social, d’autres une conséquence du silence autour de la santé mentale. Au sein de la population, des voix s’élèvent, entre indignation, compassion, et parfois explications ancrées dans des croyances comme la sorcellerie — une interprétation tristement courante face à des actes aussi extrêmes et incompréhensibles.
Quand le privé devient public : la pression sur les artistes
Au-delà du choc initial, cette affaire soulève une problématique plus large : que faire lorsque la faute vient de ses proches ? Comment un artiste, modèle pour la jeunesse, peut-il continuer à s’exprimer quand son nom est mêlé à une telle tragédie ? Lydol a décidé de suspendre ses engagements artistiques, notamment des concerts à Yaoundé et à Paris, pour faire face à cette épreuve intime devenue publique. Elle incarne malgré elle ce dilemme cruel entre douleur personnelle et devoir d’exemplarité.
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Conclusion : entre justice, vérité et guérison collective
Ce drame dépasse le fait divers. Il révèle les tensions invisibles dans nos sociétés : violences contenues, manque de soutien psychologique, poids des traditions, silence autour des maladies mentales. La douleur de la famille de Mathis est incommensurable. Celle de Lydol, bien que différente, est aussi profonde. Ce drame nous interpelle tous. Et nous pousse à réfléchir, non seulement à la justice, mais à la prévention, à l’éducation émotionnelle, et à la responsabilité collective face aux violences ordinaires devenues tragédies.