Bernard Anault et les Bleus – Dons aux Restos du Cœur : Solidarité ou Charity Business, le débat s’intensifie
Face aux défis financiers des Restos du Cœur, plusieurs acteurs ont récemment apporté leur soutien à l’association, dont Bernard Arnault, le patron de LVMH, qui a annoncé un don de 10 millions d’euros. Alors que de telles contributions privées semblent être une bouffée d’oxygène pour les organismes de bienfaisance, elles suscitent également des questions sur le concept de « charity business ». Ce terme désigne la tendance croissante à utiliser des opérations médiatiques pour collecter des fonds à des fins caritatives. Pourtant, certains estiment que cela reflète une dérive préoccupante du système fiscal et social français, où le secteur privé est sollicité pour combler les manques laissés par l’État. Cette approche risque de créer une solidarité à deux vitesses, où les initiatives philanthropiques dépendent du bon vouloir des donateurs plutôt que d’une responsabilité collective. Alors que les dons affluent vers les Restos du Cœur, cette controverse met en lumière des questions cruciales sur la solidarité et la philanthropie dans notre société.
Bernard Arnault, homme le plus riche du monde, a récemment annoncé un don de 10 millions d’euros aux Restos du Cœur, rejoignant ainsi l’effort de solidarité envers l’association. Alors que cette contribution est d’une grande importance, il est intéressant de noter que les dons des particuliers représentent une part substantielle des ressources des associations caritatives. En effet, l’État a également annoncé un soutien financier important, avec une enveloppe de 15 millions d’euros destinée aux Restos du Cœur et un total de 156 millions d’euros prévus en 2023 pour les différentes associations d’aide alimentaire. Cependant, l’initiative de Bernard Arnault a soulevé des débats sur le concept de « charity business », un terme qui désigne les opérations médiatiques visant à collecter des fonds pour des causes caritatives.
Selon Virginie Martin, politiste et docteure en Sciences politiques, cette tendance est une dérive préoccupante du système fiscal et social français. Elle souligne que lorsque l’État opte pour une fiscalité légère, comme c’est le cas en France avec la politique d’Emmanuel Macron, cela impacte les services publics et le secteur associatif. En conséquence, le secteur privé est souvent sollicité pour pallier ces manques. Cette évolution vers une privatisation progressive des services publics pose des questions fondamentales sur la solidarité et l’égalité d’accès aux services essentiels.
Le concept de « charity business » est également théorisé sous le nom de philantrocapitalisme, une nouvelle approche de la philanthropie qui s’inspire des pratiques capitalistes. Elle promeut l’idée que le capitalisme peut œuvrer au bien de l’humanité. Cependant, cette approche soulève des interrogations quant à l’impartialité et à la responsabilité collective. En confiant le financement des initiatives sociales aux privés, on risque de perdre cette garantie d’impartialité qui incombe à l’État.
Bien que les dons de personnalités fortunées comme Bernard Arnault soient louables, il est essentiel de reconnaître que les dons réguliers des particuliers constituent une part significative des ressources des associations caritatives. En 2022, les Restos du Cœur ont ainsi pu compter sur environ 125 millions d’euros collectés auprès du public. Finalement, ce geste de solidarité de Bernard Arnault met en lumière l’importance de la contribution de chacun, et soulève des questions essentielles sur la manière dont la société envisage la philanthropie et la responsabilité collective envers les plus démunis.
RESTOS DU COEUR – Après la famille Arnault et plusieurs grandes entreprises comme TotalEnergies ou Altice France, c’est désormais au tour de l’équipe de France de football de venir en aide aux Restos du Cœur.
Les Bleus « se sont réunis ce mardi soir et ont décidé de venir en aide financièrement aux Restos du Cœur qui font face actuellement à des difficultés importantes », indique la Fédération française de football, comme l’annonce franceinfo mardi 5 septembre.
L’entourage de l’équipe de France n’a pas précisé les modalités de ce geste (réorientation de primes ou participation directe), « mais évoque un montant très significatif », écrit L’Équipe.
Les Bleus sont actuellement réunis à Clairefontaine pour préparer leur match de jeudi soir au Parc des Princes contre l’Irlande, en qualifications pour l’Euro-2024.