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ToggleBienvenue chez les Ch’tis : un remake avorté
En 2008, fort du succès du film Bienvenue chez les Ch’tis qui reste encore aujourd’hui l’un des plus grands succès du box-office français, Dany Boon envisage un remake américain. Avec Will Smith à la production, le projet semble bien lancé. Pourtant, malgré plusieurs tentatives, aucune version du scénario ne satisfait le réalisateur et acteur français. Boon décide finalement de laisser tomber le projet, considérant qu’il serait impossible de transposer l’essence du film aux États-Unis. Et il avait probablement raison : Bienvenue chez les Ch’tis repose en grande partie sur des références culturelles très locales, spécifiques au Nord de la France, qui auraient été difficilement transposables dans un cadre américain.
Des remakes de films français souvent décevants
Dany Boon n’est pas le seul à avoir tenté l’aventure américaine. Les Visiteurs en Amérique en est un autre exemple frappant. Ce remake n’a pas réussi à séduire le public, malgré la présence des acteurs français Jean Reno et Christian Clavier, tous deux stars de l’original. L’humour particulier et les situations rocambolesques qui ont fait le succès du film en France n’ont tout simplement pas pris de la même manière aux États-Unis. De même, le remake américain du Dîner de cons, avec l’acteur Steve Carell, a retiré l’aspect cruel du personnage principal, rendant le film fade et inintéressant.
Intouchables : un échec cuisant aux États-Unis
Le film Intouchables est un autre exemple emblématique. Sorti en 2011, ce long-métrage, qui raconte l’histoire touchante d’une amitié improbable entre un riche tétraplégique et un aide-soignant issu de la banlieue, a conquis la France avec plus de 19,5 millions d’entrées, devenant le deuxième plus grand succès de l’histoire du cinéma français. Cependant, son remake américain, intitulé The Upside, n’a pas eu la même réception. Sorti en 2019, il réalise un démarrage modeste aux États-Unis, ne rapportant que 10,2 millions de dollars au box-office, loin des espérances.
Pourquoi un tel échec ? Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. D’abord, certains éléments clés de l’histoire ont été modifiés, comme la romance entre le personnage de Philippe, le tétraplégique, et une femme qu’il rencontre. Alors que dans l’original, cette relation reste platonique, dans la version américaine, elle est réécrite de manière plus dramatique. De plus, certaines répliques cultes comme le fameux « Pas de bras, pas de chocolat » ont été totalement absentes du remake. Enfin, l’alchimie entre les acteurs principaux, Omar Sy et François Cluzet, qui avait fait le charme de l’original, est inexistante dans le remake.
Quelques exceptions réussies : Insomnia et Les Infiltrés
Si de nombreux remakes américains de films français se soldent par des échecs, certains réussissent à tirer leur épingle du jeu. C’est le cas, par exemple, de Les Infiltrés de Martin Scorsese, un remake du film hongkongais Infernal Affairs, ou encore de Insomnia, réalisé par Christopher Nolan, un autre succès. Ces films ne se contentent pas de copier l’original : ils s’approprient l’histoire et l’adaptent aux codes du cinéma américain, tout en apportant une touche personnelle. C’est peut-être là que se situe la clé du succès d’un remake : au lieu de copier-coller l’original, il faut savoir réinventer l’histoire pour l’adapter à un nouveau contexte culturel.
Le cas de « The Upside » et le manque d’originalité
Cependant, même lorsque des efforts d’adaptation sont faits, comme pour The Upside, le public américain reste parfois difficile à convaincre. Aux États-Unis, l’histoire d’un pauvre qui découvre la vie d’un riche, comme dans Intouchables, a déjà été largement explorée, notamment avec des films comme Pretty Woman. De plus, la thématique de l’amitié entre un Blanc et un Noir, centrale dans le film, a été critiquée pour son côté cliché, surtout après la sortie de films comme Green Book, qui ont déjà traité cette question.
Koda : un exemple d’adaptation réussie
À l’inverse, certains remakes parviennent à transcender l’original. C’est le cas de Koda, l’adaptation américaine du film français La Famille Bélier. Dans cette version, les personnages sourds sont interprétés par des acteurs sourds, et une grande partie du film est tournée en langue des signes, apportant une nouvelle profondeur à l’histoire. Ce choix a porté ses fruits : Koda a remporté l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, une première pour un comédien sourd.
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Conclusion : Remake ou pas, l’original reste toujours roi
En conclusion, si Hollywood continue de vouloir adapter des films français à succès, il est clair que ces remakes n’égaleront jamais le charme et la subtilité des œuvres originales. Il est souvent difficile de transposer des histoires profondément ancrées dans une culture locale à un public américain. Pourtant, certains films parviennent à trouver leur propre voie, à l’image de Koda ou encore des Infiltrés. La clé semble résider dans la capacité à s’approprier l’œuvre originale, à la réinventer, plutôt que de la copier bêtement. Mais quoi qu’il en soit, il est indéniable que l’original reste toujours le meilleur choix.