Marseille : Les policiers impliqués dans l’affaire Hedi entendus par l’IGPN
Dans une enquête sous haute tension, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a interrogé quatre policiers suite aux accusations portées par Hedi, un jeune homme de 22 ans. Celui-ci affirme avoir été violemment passé à tabac par les agents en marge des émeutes à Marseille, survenues après le décès de Nahel.
La situation est tendue depuis que l’un des policiers impliqués a été placé en détention provisoire, provoquant une colère sans précédent au sein de la police nationale. En réponse, de nombreux arrêts maladie ont été déclarés, faisant office de grève puisque les policiers ne peuvent pas exercer leur droit de grève en tant que fonctionnaires.
Cependant, l’enquête menée par l’IGPN a rencontré des difficultés majeures. Les enquêteurs ont noté que « aucun policier ne souhaite collaborer à l’enquête, allant même jusqu’à avoir du mal à s’identifier sur les vidéos ». Seuls deux des policiers ont reconnu avoir fait usage de violences, tandis que les autres nient leur présence sur les images de vidéosurveillance et prétendent ne pas se souvenir des événements. L’un d’entre eux a même refusé de se faire prendre en photo pour être présenté à la victime.
Le témoignage d’Hedi apporte une autre version des faits. Selon lui, alors qu’il quittait son travail à Vauvenargues pour rejoindre un ami, ils auraient croisé des policiers en civil – membres de la Brigade anti-criminalité (BAC) – qui leur auraient ordonné de partir. Ayant obéi, ils auraient été visés par un tir de LBD (lanceur de balles de défense) à bout portant. Suite à cela, les quatre policiers l’auraient traîné et frappé derrière un immeuble.
Hedi, qui a subi de graves blessures à la tête, témoigne de son calvaire dans une vidéo poignante pour Konibini News. « Des fois, je me dis que je vais me réveiller, mais en fait je me réveille toujours avec la tête déformée », confie-t-il.
Une enquête préliminaire pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à huit jours a été ouverte par le parquet de Marseille. Les quatre policiers ont été mis en examen, et l’un d’entre eux a été incarcéré.
Face à la révolte des policiers, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a convoqué les syndicats de police pour une rencontre à Beauvau. Certains syndicats demandent la mise en place d’un statut spécifique pour les policiers mis en examen dans le cadre de leurs missions, excluant la détention provisoire.
L’enquête se poursuit et le procès des policiers mis en cause reste un enjeu majeur, suscitant de vives réactions dans l’opinion publique et suscitant un débat sur les violences policières en France.
Un commentaire