Enjeux de la Proposition de Loi visant à interdire l’écriture inclusive

Une proposition de loi examinée au Sénat français suscite actuellement de vifs débats. Cette proposition, déposée par la sénatrice de droite Pascale Gruny, vise à « protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive. » Cette écriture inclusive, qui gagne en popularité, est au cœur des préoccupations, car elle peut impacter des domaines tels que les contrats de travail, les actes juridiques, ou encore les règlements intérieurs des entreprises, ainsi que d’autres documents administratifs. Le but de cette loi est d’interdire l’usage de l’écriture inclusive dans ces contextes, les rendant potentiellement irrecevables ou nuls.
L’écriture inclusive, caractérisée par l’introduction de mots grammaticaux constituant des néologismes ou la substitution de l’emploi du masculin générique par une graphie faisant ressortir la forme féminine, suscite des inquiétudes. Selon Pascale Gruny, cette pratique complexifie la langue française et risque d’exclure certaines personnes, en particulier celles en situation de handicap. Elle estime que l’écriture inclusive nuit à l’accessibilité des documents juridiques et administratifs.

La proposition de loi prévoit également d’inscrire cette interdiction de l’écriture inclusive dans le code de l’éducation, bien que cette pratique soit déjà proscrite à l’école par une circulaire du précédent ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, en 2021. Cependant, l’interdiction va plus loin que les circulaires antérieures en incluant des modes d’emploi, des contrats de travail, et des thèses universitaires, entre autres.
Les partisans de cette proposition de loi soutiennent qu’elle est nécessaire pour préserver l’intégrité de la langue française et garantir sa compréhension, notamment dans des domaines sensibles tels que le droit. Ils considèrent que l’écriture inclusive est une complication inutile pour les élèves en phase d’apprentissage et estime qu’elle nuit à la lisibilité des documents officiels. Enfin, cette proposition suscite également des inquiétudes quant à son impact sur les cartes d’identité anciennes où figure la mention « né(e) le, » qui pourrait être invalidée si cette loi est adoptée.
Cependant, l’interdiction de l’écriture inclusive est contestée par certaines forces politiques, notamment la gauche, qui la considère comme rétrograde et excluante. Selon eux, l’écriture inclusive permet de rendre la langue plus égalitaire et de donner davantage de visibilité aux femmes, conformément à la loi sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Les partisans de l’écriture inclusive estiment que cette pratique est un outil essentiel de lutte contre les inégalités femmes-hommes et permet de mettre en avant la diversité des genres.
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L’adoption de cette proposition de loi semble probable compte tenu de la domination de la droite au Sénat. Cependant, son passage à l’Assemblée nationale reste incertain. La question de l’écriture inclusive fait ainsi l’objet de vifs débats et illustre les enjeux entourant la préservation de la langue française et la promotion de l’égalité des genres. Le débat autour de cette proposition de loi au Sénat rappelle que la question de l’écriture inclusive continue de diviser la société française.