Réforme de l’assurance chômage : une attaque violente contre les plus précaires
Une réforme controversée qui pénalise les plus vulnérables, suscitant une forte opposition syndicale
Le Premier ministre Gabriel Attal a dévoilé dimanche 26 mai les détails de la réforme de l’assurance chômage, une mesure qui a provoqué une vive colère chez les syndicats. Cette réforme, visant à économiser 3,6 milliards d’euros par an, s’attaque principalement aux plus précaires, notamment les jeunes, les fins de CDD, les intérimaires et les seniors.
La réforme prévoit de passer la durée nécessaire pour ouvrir des droits à l’assurance chômage de six à huit mois travaillés sur une période réduite de vingt-quatre à vingt mois. De plus, la durée d’indemnisation sera réduite de dix-huit à quinze mois. Cette réduction est jugée insuffisante pour permettre aux chômeurs de reconstruire un projet professionnel, de suivre une formation et de retrouver un emploi.
Des économies sur le dos des plus vulnérables
La CGT et la CFDT dénoncent une réforme particulièrement violente et injuste. Selon Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, cette réforme touchera 185 000 personnes par an, les privant de leurs allocations. Actuellement, seul un demandeur d’emploi inscrit à France Travail sur deux touche des allocations, selon les chiffres de l’Unédic.
Cette réforme cible particulièrement les plus précaires : les jeunes de moins de 25 ans, surreprésentés parmi les précaires, les travailleurs en fin de CDD et les intérimaires. La réforme décale également l’âge à partir duquel les chômeurs peuvent bénéficier d’une indemnisation plus longue, passant de 53 à 57 ans. Cela pénalise les seniors, souvent victimes de licenciements et confrontés à des difficultés pour retrouver un emploi.
Une promesse de « bonus emploi senior »
Pour atténuer l’impact de cette mesure sur les seniors, Gabriel Attal propose un « bonus emploi senior ». Ce dispositif permettrait à un senior au chômage, acceptant un emploi moins bien rémunéré que son précédent poste, de cumuler son nouveau salaire avec son allocation chômage pendant un an, garantissant ainsi une rémunération équivalente à son ancien salaire. Toutefois, ce dispositif est critiqué par les syndicats comme une « usine à gaz » et une solution factice qui ne résout pas les problèmes d’accès à l’emploi des seniors.
Des économies supplémentaires en cas de baisse du chômage
La réforme introduit également une clause permettant de réduire encore la durée d’indemnisation si le taux de chômage tombe en dessous de 6,5%. Dans ce cas, la durée d’indemnisation pour les chômeurs de moins de 57 ans serait réduite de 40 %, passant à douze mois maximum. Cette mesure vise à réaliser 3 milliards d’euros d’économies supplémentaires.
Réactions et opposition des syndicats
Les syndicats ont vivement réagi à ces annonces. Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force ouvrière, a promis de contester les décrets devant le Conseil d’État, dénonçant une réforme « d’une dureté sans précédent ». Sophie Binet de la CGT qualifie cette réforme de « saignée de Molière », arguant qu’elle pénalise lourdement tous les chômeurs.
François Hommeril, président de la CFE-CGC, critique le « senior discount » proposé par Attal, où des seniors expérimentés pourraient être contraints d’accepter des emplois peu rémunérés sous la menace de perdre leur allocation chômage, soulignant que cela ne résout pas le problème de l’emploi des seniors mais sert uniquement les statistiques du gouvernement.
La réforme de l’assurance chômage de Gabriel Attal, prévue pour entrer en vigueur le 1er décembre 2024, suscite une opposition farouche de la part des syndicats et une grande inquiétude chez les chômeurs. Les mesures proposées, jugées violentes et injustes, risquent de pénaliser sévèrement les plus précaires, en particulier les jeunes et les seniors, tout en réalisant des économies importantes au détriment de leur sécurité financière et de leurs perspectives d’emploi.