Amar Slimani : Un drame oublié, un silence médiatique assourdissant
La mort tragique d'Amar Slimani, un sans-abri abattu par un policier hors service, révèle un système de déshumanisation et un silence médiatique inquiétant.

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ToggleLa mort de Amar Slimani : Une tragédie sous silence
Le 29 juin 2024, à Bobigny, un homme sans-abri du nom d’Amar Slimani est abattu par un policier hors service, alors qu’il dormait paisiblement dans une dépendance. Cet acte de violence, pourtant choquant, est resté presque invisible dans les médias, éclipsé par d’autres événements. Pourtant, la tragédie soulève de nombreuses questions sur le traitement des sans-abris, les rapports entre la police et les citoyens, ainsi que sur le rôle des médias dans la couverture des violences policières.
Le contexte de la tragédie : un acte de violence gratuite ?
Amar Slimani, âgé de 32 ans, vivait dans une grande précarité. Sans-abri, il avait trouvé refuge dans une dépendance à Bobigny, un quartier de la banlieue parisienne. Le matin du 29 juin, la propriétaire de la maison, inquiète de la présence d’Amar, appelle son petit-fils, un policier hors service. Ce dernier, au lieu de faire appel à ses collègues pour régler la situation de manière légale, décide d’intervenir personnellement.
En arrivant sur place, le policier appelle ses collègues pour signaler la présence d’un « squatter ». Cependant, avant même qu’ils n’arrivent, il tire sur Amar à plusieurs reprises, le tuant sur le coup. Le policier, affirmant qu’il se trouvait en état de légitime défense, prétend qu’Amar était armé et qu’il a agi par peur pour sa vie. Pourtant, les circonstances du drame, le nombre de tirs et la proximité de l’attaque remettent en question cette version des faits.
Une déshumanisation manifeste : Amar réduit à un « squatter »
Dans les rares articles qui évoquent la mort de Amar, il est souvent décrit de manière déshumanisante, réduit à son statut de sans-abri ou de squatter. Cette étiquette de « squatter » est utilisée pour justifier l’absence de toute empathie, comme si Amar n’était qu’un simple individu sans droits ni dignité. Un langage froid et administratif, qui minimise son humanité et sa souffrance.
Cette déshumanisation est particulièrement frappante dans les propos du policier. En évoquant Amar, il semble le considérer comme un sous-homme, un « étranger », un être à part, dont la vie n’a pas la même valeur. Une haine palpable, marquée par la violence de l’attaque, qui dépasse largement le cadre d’une simple intervention policière pour devenir un acte de vengeance personnelle.
Le silence médiatique : un drame noyé dans l’indifférence
Le silence autour de cette affaire est particulièrement alarmant. Malgré la gravité de l’incident, les médias traditionnels ont largement ignoré la mort de Amar. Pas de couverture télévisée, pas de reportage approfondi, pas de portrait retraçant sa vie et son histoire. Ce silence, presque assourdissant, témoigne d’une hiérarchisation de l’information où certaines vies, comme celle de Amar, semblent moins dignes d’être racontées que d’autres.
Cela soulève des questions essentielles sur la place des sans-abris dans la société, et sur la manière dont certains médias choisissent de traiter les sujets de violences policières. Amar, un homme qui rêvait simplement d’une vie meilleure, a été réduit à une statistique. Sa mort est vite oubliée, éclipsée par d’autres drames qui captent l’attention du public.
Un policier protégé par le système ?
La réaction des autorités après la mort de Amar a été également problématique. Le policier responsable de la mort d’Amar a été soutenu par certains membres de la hiérarchie policière. Le procureur de la République de la ville de Saint-Denis, réputé proche des forces de l’ordre, a immédiatement demandé la remise en liberté du policier, et ce, malgré l’absence de preuves solides pour soutenir sa version des faits.
Ce soutien, même avant l’issue des enquêtes, soulève des interrogations sur l’impunité dont bénéficient certains policiers, et sur la relation souvent trop proche entre les forces de l’ordre et les autorités locales. Un soutien qui laisse penser que, dans certaines situations, des violences policières peuvent être couvertes ou minimisées par un système protecteur.
Conclusion : Une réflexion sur la justice et la déshumanisation
La mort de Amar Slimani soulève des questions profondes sur la manière dont certaines vies sont perçues et traitées par la société. Pourquoi un homme sans-abri, en quête de refuge, a-t-il été tué dans de telles conditions ? Pourquoi son décès a-t-il été accueilli par un tel silence médiatique ? Ces questions appellent à une réflexion collective sur la justice sociale, la place des sans-abris dans nos sociétés et le traitement des violences policières.
