Qu’est-ce qu’un « gymcel » ? Et pourquoi ce terme est-il problématique ?
Analyse d'une sous-culture toxique qui empoisonne la culture de la salle de sport
Qu’est-ce qu’un « gymcel » ?
Le « gymcel » est une nouvelle catégorie à ajouter à la liste croissante des sous-cultures misogynes, principalement en ligne. Selon l’Urban Dictionary, un gymcel est « un homme qui prend la salle de sport beaucoup trop au sérieux et n’a généralement rien à montrer pour ses efforts. ‘Cel’ est associé au mot ‘incel’ qui désigne quelqu’un qui n’arrive pas à avoir des relations sexuelles. Les gymcels passent souvent d’innombrables heures et week-ends à la salle de sport en espérant améliorer leur physique pour attirer les femmes alors qu’en réalité, le seul problème est leur visage. »
Comme les incels, les gymcels sont la cible de moqueries par la société au sens large. Les gymcels, en particulier, sont victimes d’abus de la part de la communauté des bodybuilders. Bodybuilding.com, le forum internet le plus populaire pour les bodybuilders amateurs et professionnels, compte de nombreux fils de discussion sur cette petite mais bien réelle communauté de gymcels.
Les gymcels sont moqués principalement pour leurs tentatives maladroites d’attirer les femmes en soulevant des poids. Un utilisateur a expliqué que « la plupart des gymcels sont des gymcels parce qu’ils sont maladroits, peu sûrs d’eux et manquent généralement de personnalité, » tandis qu’un autre les qualifie de « prisonniers du narcissisme et de l’insécurité. » Certains dans la communauté des bodybuilders ont commencé à appeler les gymcels des « copecels » – des hommes qui, malgré tous leurs efforts pour chercher l’amour ou le sexe en s’améliorant grâce à la forme physique, continuent d’être minés par leurs gènes inférieurs (comme la taille ou la structure osseuse).
Pourquoi le terme « gymcel » est-il si problématique ?
La négativité entourant le terme « gymcel » et le concept même de gymcel est problématique pour l’industrie du bodybuilding et du fitness. Associer la quête de l’approbation féminine ou l’évitement désespéré des insécurités à la culture de la salle de sport est toxique pour les passionnés de fitness innocents. Mais cela se produit rapidement. Sam West, un utilisateur régulier de Bodybuilding.com et un « ancien gymcel » autoproclamé, a déclaré à MEL Magazine : « Les gens qui postent cela sur ces forums et sur Reddit pensent peut-être qu’ils sont drôles, mais ce qu’ils disent est aussi dommageable. »
West explique en outre comment « le forum peut être un endroit toxique. Beaucoup de jeunes viennent ici parce qu’ils veulent des conseils sur leur forme physique. Au lieu de cela, ils sont exposés à toutes ces ordures sur le fait d’être faibles et pathétiques s’ils n’ont pas réussi à avoir des relations sexuelles. »
Le subreddit des gymcels, une communauté qui comptait autrefois environ 350 membres actifs mais qui a depuis été banni de la plateforme pour violation des règles de la communauté, était autrefois un terreau fertile pour l’idéologie des incels alimentée par la salle de sport. Une grande partie de la communauté des incels croit que des idées politiques comme le féminisme et le progressisme ont donné trop de pouvoir aux femmes et, par conséquent, ont sapé leur capacité à sortir, avoir des relations sexuelles ou se marier avec le sexe opposé.
Pour couronner le tout, la nature problématique de la culture des gymcels a des répercussions en dehors des cours de spin et de la culture toxique de la salle de sport. Elle perpétue le récit de la manosphère qui encourage la misogynie et attaque le féminisme comme étant non seulement acceptable mais devrait être encouragée. Zoe Williams du Guardian est allée jusqu’à décrire l’idéologie des incels comme un mouvement qui « cible et terrorise les femmes. »
Williams souligne également que l’homme accusé d’avoir commis l’attentat à la camionnette de Toronto, qui a tué 10 personnes en 2018, avait des liens présumés avec les communautés en ligne des incels. Elle a conclu : « Le langage qu’ils utilisent peut sembler absurde, mais la menace qu’ils représentent peut être mortelle. » Souvent, les communautés en ligne peuvent être négligées dans leur danger tangible. Et c’est compréhensible, il est facile de penser que l’exploration des tendances en ligne, en particulier des communautés comme l’incelisme qui résident stéréotypiquement en marge de la société, n’aura aucun impact sur son comportement. Mais, comme Williams l’a souligné, sous-estimer ces communautés exactes est ce qui les rend si dangereusement inquiétantes.
Les tendances Gymcel sur TikTok et leur impact
La tendance gymcel est bien vivante sur TikTok. Les créateurs avec des proportions de style Marvel et des veines saillantes publient des vidéos documentant leurs entraînements, entrecoupées de messages inquiétants anti-femmes (ou anti-tout le monde). Ils attirent des dizaines, voire des centaines de milliers de vues et de commentaires.
Une tendance TikTok gymcel est la vidéo Sigma Male. Dictionary.com définit un Sigma Male comme « un homme populaire, réussi, mais très indépendant et autosuffisant. Un autre terme pour un Sigma Male est un loup solitaire. » Patrick Bateman de American Psycho et Walter White de Breaking Bad sont deux des Sigma Males les plus idolâtrés.
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Bien que Bateman et White aient connu des trajectoires très différentes dans leurs histoires, ce qu’ils partageaient était une descente alarmante dans l’isolement accompagnée d’une rage croissante qui se manifestait de manière inquiétante et dangereuse. Alors, lorsque les gymcels éditent des vidéos, superposant leur propre image sur des séquences de ces hommes dérangés, c’est… déconcertant pour le moins.
Certains gymcels détournent la caméra d’eux-mêmes, incluant des sujets non consentants dans leurs vidéos. Dans le contenu, les gymcels filment d’autres personnes à la salle de sport, les critiquant pour faire mal leurs exercices, pour être en surpoids, pour être laids, ou tout cela à la fois.
Qu’est-ce que la culture de la salle de sport est censée être ?
Pour la plupart des habitués de la salle de sport, c’est censé être un endroit où tout le monde se sent soutenu et où chacun s’encourage à travailler sur lui-même. Mais les gymcels empoisonnent l’atmosphère, alimentant les insécurités corporelles et pire encore. S’ils continuent, beaucoup de gens commenceront à associer la culture de la salle de sport aux troubles alimentaires, ou à l’intimidation – au lieu de la culture de la salle de sport et de la santé.
En général, les gens commencent à penser que les gymcels donnent une mauvaise image de la salle de sport et que simplement mettre les pieds dans une salle de sport pourrait leur valoir l’étiquette de gymcel. Malheureusement, ces bodybuilders troublés sont la raison pour laquelle de plus en plus de gens ressentent que la culture de la salle de sport est gênante alors qu’elle devrait simplement être un endroit où l’on se concentre sur le fait de devenir la meilleure version de soi-même.
La culture des gymcels est non seulement problématique pour la communauté de la salle de sport, mais elle a aussi des implications plus larges sur la manière dont nous percevons la masculinité et les relations entre les sexes. Elle perpétue des idéologies nuisibles et renforce des stéréotypes négatifs. Il est crucial de reconnaître et de contrer ces tendances pour promouvoir un environnement de fitness sain et inclusif.
